« La nuit s’est
installée sur l’hôpital Mohamed Seddik Benyahia, dans la banlieue est d’Alger,
là où les terres agricoles glissent doucement dans la mer. Hafs, chirurgien et
urgentiste, fume en scrutant le ciel. Indifférent au froid et à l’humidité, il est assis à même le gravier, le dos posé contre la façade borgne de la
morgue. L’endroit et tous les bâtiments sont plongés dans l’obscurité
depuis le début de la soirée. Une panne ou peut être un sabotage... Tout à l’heure, quand l’électricité est
partie et que le groupe électrogène s’est déclenché dans un fracas de pétarades
et de vapeurs de mazout, Hafs est monté sur le toit d’une ambulance pour
regarder vers l’ouest. Là-bas, de l’autre côté de la baie, les scintillements
de la capitale avaient disparu eux-aussi. Pourtant, la ville lui a paru plus
blanche que d’habitude, comme si un projecteur était braqué sur elle depuis les
cieux. A quoi bon tant de lumière, a-t-il pensé. Alger, fidèle à ses tristes
habitudes nocturnes, devait déjà dormir, ses rues envahies par un calme
sinistre. »
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